L'alimentation pendant la grossesse ne se résume pas à combien de kilos en plus (et parfois en moins... mais c'est rare !) s'affichent sur la balance... ni à supprimer l'alcool et le fromage au lait cru de vos menus. On sait maintenant qu'une alimentation adaptée contribue largement au bon déroulement de votre grossesse (cf site de Santé Publique France https://www.1000-premiers-jours.fr/fr/les-nutriments-essentiels-au-futur-bebe).
Alors on vous parlera beaucoup des interdits alimentaires, de tout ce que vous devez éviter, bannir de vos assiettes (et de vos verres... vous voyez où je veux en venir...) mais peu de gynécos ou de sage-femmes, prendront le temps de vous expliquer comment optimiser votre alimentation pour couvrir vos nouveaux besoins et ceux de votre bébé.
La grossesse entraine bon nombre de modifications physiologiques, certaines bien visibles (bonjour le bidon et la cellulite) et d'autres invisibles, comme l'augmentation de vos besoins en certains macro et micro nutriments. Cela signifie que vos habitudes alimentaires, aussi bonnes soient-elles, peuvent s'avérer insuffisantes ou même inadaptées dans le cadre d'une grossesse. En effet, certains régimes (type végétarien, ou végan) ou certaines évictions volontaires par goût, confort digestif ou conviction (stop aux produits laitiers, au poisson ou aux crudités pour certaines...) peuvent accentuer le risque de carences et parfois avoir des conséquences importantes sur votre santé et celle de votre bébé. L'iode par exemple est un minéral essentiel au bon développement du cerveau du bébé, dans le cadre d'un régime végan ou végétarien sans oeufs ni poisson, l'apport en iode a de grandes chances d'être très insuffisant.
Alors que faire ? Dans un premier temps, la meilleure décision est de vous astreindre à manger le plus équilibré possible : c'est à dire de tout (vous savez légumes, protéines, féculents, produits laitiers) à tous les repas. Avec une alimentation variée et de saison, vous minimisez les risques de manquer de quoi que ce soit ! Ensuite, si vous suivez un régime particulier, il faut en parler dès que possible à votre gynéco ou à votre sage-femme qui vous prescrira des compléments alimentaires en conséquence (idéalement la supplémentation doit même être démarrée en pré-conception). Enfin, et selon moi cela devrait être remboursé par la sécu tant c'est important, vous pouvez prendre rendez-vous avec une diététicienne spécialisée dans l'alimentation pendant la grossesse et le post-partum afin de bénéficier de conseils personnalisés, adaptés à vos goûts et à vos habitudes. Le rôle de la diététicienne est de vous expliquer quels sont les nutriments essentiels (protéines, fer, omégas 3, iode, vitamine B9, choline...) et de trouver avec vous comment les apporter en vous constituant des menus qui vous correspondent et qui prennent en compte vos contraintes (temps pour cuisiner, allergies ou intolérances, goûts...). Ce suivi vous permettra d'être rassurée sur vos apports alimentaires, de dé-stresser sur votre prise de poids mais aussi de préparer au mieux la période de post-partum en ayant mis en place une hygiène alimentaire qui vous aidera à rester en forme (physiquement ET psychologiquement) également après votre accouchement.
Aussi il y a quelques situations particulières qui nécessitent selon moi presque impérativement de prendre conseil auprès d'une diététicienne :
- diabète gestationnel : bien souvent le diabète gestationnel peut être maitrisé avec une alimentation adaptée, ça vaut le coup d'essayer plutôt que de passer directement aux piqures d'insuline non ?
- grossesses rapprochées : vous venez d'avoir un bébé (dans les 9 derniers mois) et vous retombez enceinte ! Félicitations ! En revanche vous êtes davantage à risque de carences car le corps, déjà très sollicité par la récente grossesse (voir le récent allaitement, double marathon), n'a pas eu le temps de reconstituer ses stocks en vitamines et minéraux.
- régimes particuliers type végétarien, vegan... : le régime végétarien peut être compatible avec la grossesse en revanche il doit être parfaitement "monitoré" car il représente également un facteur de risque de carences multiples (omégas 3, iode, fer...). Quand au régime végan, une supplémentation adaptée devra être mise en place pour couvrir l'intégralité des besoins, si possible avant la conception.
- des carences déjà installées : vous êtes sujettes au carences répétées en fer, magnésium, vitamines... la grossesse ne va faire qu'accentuer le problème malheureusement ! Un suivi biologique (grâce aux analyses sanguines) et diététique permettra de maitriser au mieux vos apports pendant cette période critique.
Une part importante de votre santé et de celle de votre bébé se joue dans votre assiette, vous faire accompagner pour être sure de manger ce qu'il faut, dans les bonnes quantités vous permettra de maitriser à la fois votre prise de poids et vos apports en nutriments. Aussi, consulter une diététicienne vous permettra aussi de récolter quelques conseils pour organiser au mieux votre post-partum, que vous souhaitiez allaiter ou non.
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Article rédigé par Laure Rouchès, Diététicienne-Nutritionniste à Marseille, fondatrice de Pickles.
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